La boxe se meurt. Parce que cet art pugilistique, s'il demeure noble, est devenu le territoire de quelques marchands du temple
peu scrupuleux, avides de bénéfices, sous le prétexte qu'ils ont pris suffisamment de coups pour s'en mettre plein les poches.
Daouda Sow est passé dans le camp professionnel avec le sérieux qui le caractérise. Minutieux, mais aussi confiant. De sa force, de sa technique, de son talent. Lui veut boxer, d'abord boxer. Se donner des défis sans choisir sa proie. D'autres le font à sa place, avec l'expertise de ceux qui n'ont plus rien à perdre et surtout tout à gagner.
Hier soir, il fallait avoir le coeur solidement accroché pour faire son métier d'informateur. Il fallait tolérer de se faire parquer dans une tribune de spectateurs. Passe encore... Mais sans la moindre prise de courant, pas le moindre pupitre. « Pardon, Monsieur... Elle est où la salle de presse ? - C'est pour boire ? - Non, pour travailler. » Sans commentaire !
Paris est donc bien tombé bas pour recevoir ses provinciaux. Fort heureusement, on a tout de même déroulé le tapis rouge sous les pieds de Daouda Sow.
Jean-Paul Belmondo, Claude Lelouch et Charles Gérard ont aussi applaudi le médaillé d'argent des JO de Pékin. Les égards lui étaient dûs, on lui a rendu ! Quoi de plus logique, de plus normal...
Des erreurs, mais une victoire aux points
Et le Hémois savait que cette soirée n'allait pas être une partie de plaisir, tant son adversaire, Sébastien Cornu, se présentait comme un épouvantail, avec une carte de visite imposant le respect. Celui de Sow, tout au moins. Les paris en ligne n'étaient pas favorables au Nordiste et Halim Zehrir, son entraîneur, était particulièrement inquiet. « Certains avaient même parié sur le fait que Daouda tombe au premier round. » On n'arrête pas le progrès, ni même la bêtise... Vigilant d'entrée de combat, Sow a donc surveillé de près un adversaire qui ne cessa d'avancer sur lui. Gérard Teysseron, celui qui monta le plateau pour cette soirée dédiée à Jean-Marc Mormeck, n'a pas fait le moindre cadeau à notre espoir nordiste ! « Je n'ai jamais aimé boxer contre un gaucher, s'amusa ensuite le vainqueur. Mais cette victoire, je suis allé la chercher. Je redoutais son bras arrière : c'est finalement avec son bras avant qu'il n'est parvenu à me toucher qu'une seule fois... » Car Daouda Sow fut surpris lors de la troisième reprise, alors qu'il faisait montre d'un splendide art de l'esquive. Un coup d'oeil hors-pair qui lui permit de déjouer le piège Cornu. « Je suis finalement très content d'avoir gagné, conclut-il. Ce fut une très, très bonne opposition. J'ai su gérer la difficulté. J'ai pris un risque, des risques, mais je vais encore en prendre. Et j'irai jusqu'au bout. » Au bout, là où se trouve la gloire. Mais la route est encore longue. Avec ou sans Mormeck. •